L'assassin de l'été by Gilbert Picard

Auteur:Gilbert Picard [Picard, Gilbert]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2702412955
Éditeur: Librairie des Champs-Élysées

IX

Les Pirates s’apprêtaient à se lever pour porter leur plateau à la cuisine quand l’inspecteur Dyriat apparut, flanqué des deux gendarmes et de la directrice.

Mme Walk tapa sur une bouteille vide à l’aide d’un couteau pour obtenir le silence et se faire entendre. Les conversations s’arrêtèrent les unes après les autres.

— Je voudrais vous présenter l’inspecteur Dyriat qui arrive de Paris. C’est lui qui a été chargé de l’enquête sur l’accident. Il a quelques mots à vous dire…

Le policier prit la parole. Un peu maladroitement :

— Vous êtes en vacances. Mais vous ne devez pas oublier qu’un meurtre a été commis ici. Je n’ai pas l’intention de gâcher vos loisirs, mais je serai amené à interroger un certain nombre d’entre vous. J’avais pensé vous convoquer à la gendarmerie de Propriano, mais votre Directrice a mis aimablement son bureau à ma disposition. Ce sera plus commode pour tout le monde. Ceux ou celles qui partiront en excursion sont priés de m’en avertir. C’est tout. Je vous remercie pour votre collaboration.

Sa déclaration fut plutôt mal accueillie.

— Mais pour qui se prend-il, celui-là ? s’exclama Courvoisier. Il veut faire du zèle.

Albert Vissaut prit un sourire un peu bête, comme à son habitude.

— Moi, je ne parlerai qu’en présence de mon avocat !

Quant à Luiggi Cerucci, il fut plus précis :

— Ce « pinsout », on va le renvoyer sur son continent ! Il est dangereux de jouer les gros bras en Corse !

Seul, Jean-Louis essayait de raisonner calmement :

— Il faut le comprendre, l’inspecteur ! Il n’est pas en vacances, lui. Il est là pour rechercher l’auteur d’un meurtre si meurtre il y a eu. Ce n’est pas que je veux prendre sa défense, mais il faut bien qu’il fasse son travail. Qu’en penses-tu Tonton Flingueur ?

Dubois sursauta devant cette question piège.

— Vous savez ! moi, j’arrive… J’ignorais ce tragique accident… ou crime. Ce policier ne me paraît pas être un méchant garçon. J’ai voyagé avec lui dans l’avion. Il ne doit pas ignorer que nous n’avons pas de sympathie particulière pour les flics. Il a voulu s’imposer à nous. Je crois qu’il ne faut pas s’arrêter à son attitude et continuer à vivre normalement. Quant à moi, je vais aller faire une petite sieste.

— À cinq heures, on organise un tournoi de pétanque. Vous êtes des nôtres ?

— Avec plaisir. À tout à l’heure.

Quand ils purent parler, sans crainte des oreilles indiscrètes, Germaine s’adressa à son mari :

— Il faut faire quelque chose pour Philippe. Il a commis une erreur en abordant ces gens d’une manière peu obligeante. Explique-lui qu’il faut agir avec un peu plus de souplesse.

— Laissons-le mijoter. C’est sur le tas que l’on devient un fin limier. Je ne serai pas toujours derrière lui pour le guider.

Pendant trois jours, le commissaire Dubois feignit de se désintéresser totalement de la question. Il s’arrangeait même pour éviter de croiser son filleul. Le matin, vers neuf heures, il prenait, avec Germaine, un copieux petit déjeuner dans le jardin en discutant avec d’autres Pirates.

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